Comment interpréter les changements récemment survenus au sein du Comité consultatif national d’éthique?
Selon le Monde
…plus aucun religieux ne fera partie du comité. Les nouveaux représentants des « principales familles philosophiques et spirituelles », désignés par l’Elysée, sont des laïcs.
Un pasteur est remplacé par l’historienne spécialiste de la Réforme protestante Marianne Carbonnier-Burkard. C’est un neurologue, aussi connu pour ses écrits sur le Talmud, Lionel Naccache, qui succède à un rabbin. Leurs postes n’étant pas à renouveler, le théologien Xavier Lacroix continuera à représenter le « courant de pensée » catholique, et le philosophe Ali Benmakhlouf le courant islamique.
« Prendre des personnalités civiles et non des personnes inscrites dans la hiérarchie religieuse est une bonne chose, car ces dernières finissent toujours par engager leur religion dans le débat », témoigne Didier Sicard, qui a présidé le CCNE de mars 1999 à février 2008 et en est désormais président d’honneur.
Pour le Figaro il s’agit d’un « coup de barre à gauche ».
«On veut faire payer aux représentants religieux leurs positions plutôt hostiles au mariage pour tous. En les écartant de la réflexion sur des questions de société, le gouvernement impose une vision de la laïcité fermée au risque d’appauvrir le débat», dénonce le pasteur Louis Schweitzer, par ailleurs professeur d’éthique et de spiritualité à la Faculté libre de théologie évangélique de Vaux-sur-Seine. Par voie de presse, ce dernier a appris son éviction du Comité consultatif national d’éthique (CCNE), cette instance de réflexion régulièrement saisie pour rendre des avis sur des sujets de société aussi sensibles que la fin de vie ou l’ouverture de la procréation médicalement assistée (PMA) aux couples homosexuels. Son mandat de quatre ans arrivant à terme, il n’a pas été renouvelé, comme cela était envisageable selon le règlement de cette structure. C’est aussi le cas pour le rabbin Michaël Azoulay, par ailleurs, membre de la commission de bioéthique du Consistoire de Paris.
La Croix présente le débat concernant la représentation des religions de la manière suivante:
… Il n’y a donc plus, au sein du CCNE, de responsables de culte. « Pour moi, c’est une erreur que de supprimer complètement la présence des religieux », estime le député UMP des Alpes-Maritimes Jean Leonetti. « C’est un retour à l’esprit du Comité tel qu’il existait à sa création en 1983. Il a vocation à ouvrir ses portes aux différents courants de pensée philosophiques et religieux, mais portés par des personnalités laïques », indique-t-on au sein de l’exécutif.
Courrier des protestants au ministère de l’Intérieur
On est si indigné à la Fédération protestante de France (FPF) que son président, le pasteur Claude Baty, vient de rédiger un courrier au chef du bureau des cultes au ministère de l’Intérieur. «En plus, nous avons découvert ça par voie de presse», grince la FPF. Alors que le président du CCNE, Jean-Claude Ameisen, nommé il y a un an par François Hollande, met en avant «la diversité historique et nécessaire des membres» pour récuser toute tactique politique, les procédés utilisés en coulisse jettent la suspicion.
«Même si c’est le président de la République qui nomme, la tradition veut que toutes les autorités religieuses soient toujours consultées au préalable pour proposer un nom, c’est même comme ça que, moi-même, j’ai été élu, explique le pasteur Louis Schweitzer, dont le siège n’a pas été reconduit ni signifié qu’il en serait ainsi. Or cette fois nous n’avons pas été consultés».
Quelle place pour les religions dans le débat public en France? Encore une pièce ajoutée dans un dossier pas très clair…