Observateur du monde mennonite français depuis 35 ans, Didier Bellefleur a accepté de partager son regard personnel sur cette identité mennonite en 2020.
La syntaxe de ce titre est volontairement bancale. Ce qui commence comme une affirmation simple, objective, se termine par un questionnement, tant il est vrai que l’identité mennonite française me paraît problématique. Mais ce que je vais écrire ici n’engage que moi : il ne s’agit que d’un ressenti, sans rechercher l’exactitude historique, sociétale et encore moins théologique.
Cela fait maintenant 35 ans que j’ai rejoint les mennonites. Mon père et mon grand-père, à Nancy, étaient déjà des amis de la famille Muller de Toul, si bien que je les ai connus dès mon adolescence (et j’y ai rencontré celle qui est devenue ma femme, il y a de cela plus de quarante ans). Mais c’est en arrivant à Strasbourg en 1984 que je m’y suis vraiment intéressé, que j’ai recherché le sens de ce mot bizarre, mennonite. Ma première déception fut de ne pas trouver, parmi les responsables de l’Église, un Français répondant clairement et simplement à cette question. Ce n’est que petit à petit, au hasard des rencontres, des lectures, des conférences, que j’ai compris ce que je vais écrire ici.
Les mennonites trouvent leurs origines dans plusieurs courants anabaptistes nés au 16ème siècle. Les Églises qui ont perduré jusqu’à nos jours partageaient plusieurs éléments en commun : Le refus du baptême des bébés et des enfants (d’où le terme « anabaptiste ou rebaptiseur » donné par les autres chrétiens), le refus d’une Église liée aux pouvoirs politiques et une non-violence ancrée dans le sermon sur la montagne et l’exemple du Christ.
Le premier mouvement structuré est né en 1525, dans le sillage de la réforme zwinglienne à Zurich. Il surgit en même temps que le soulèvement paysan avec lequel certains anabaptistes avaient de la sympathie. Cependant, un courant non-violent existe depuis les débuts du mouvement et formule dès septembre 1524 une critique de l’option violente de Thomas Müntzer. Ce refus e la violence deviendra un marqueur d’identité, et sera consolidé en 1527 dans « l’entente fraternelle de Schleitheim », texte qui déterminera l’identité du mouvement pendant des générations sinon des siècles.
Couple anabaptise alsacien par J. LEwicki,
1834, coll.privée Claude Beacher