On ne sort pas d’un conflit armé du jour au lendemain. Les rapports de force qui ont prévalu pendant une guerre se perpétuent, s’atténuent peut-être progressivement, mais subsistent au moins pendant un temps. Et beaucoup de ceux qui n’ont, pourtant, pas été blessés physiquement sont atteints au fond d’eux-mêmes. Certains sont hantés par le souvenir de scènes qu’ils ont vécues. Mais, pour tout le monde, sortir de la guerre dans sa tête n’a rien d’évident.
Dans le livre de l’Exode, souvenons-nous en, lorsque les juifs sont sortis d’Égypte, ils ne sont pas pour autant libres. La domination qu’ils ont subie pendant des années ne s’efface pas instantanément. A la première difficulté qu’ils rencontrent, ils sont démunis. Ils se tournent vers Moïse et Aaron et se plaignent : « Ah ! si nous étions morts de la main du Seigneur, au pays d’Égypte, quand nous étions assis près du chaudron de viande, quand nous mangions du pain à satiété ! Vous nous avez fait sortir dans ce désert pour laisser mourir de faim toute cette assemblée ! » (Ex 16.3).
Beaucoup de personnes sont en difficulté, suite à un conflit : difficultés matérielles pour ceux qui ont été chassés de chez eux ; difficultés psychologiques (on ose, désormais, en parler de plus en plus) ; difficultés physiques pour ceux qui ont été blessés. Et tout cela se réfracte, également, dans le champ religieux.