A partir de 1921, la destruction des colonies connaît une seconde phase. Les mennonites sont victimes, à tous les niveaux, de la politique communiste qui culmine dans la Terreur stalinienne, entre 1936 et 1939 : déchristianisation, collectivisation des terres, campagnes contre les « koulaks » et contre la minorité nationale allemande.
« Chronique d’une destruction programmée : Les mennonites et la terreur stalinienne (1929-1939) »
1. Déchristianisation
Les persécutions religieuses commencent dès 1921 :
l’enseignement des écoles et les prédications sont surveillés, les ministres intimidés, toujours menacés d’une dénonciation. Johann J. Andres, Prédicateur de l’Eglise évangélique des frères mennonites de Friedensruh, Molotschna, est d’abord emprisonné puis déporté trois ans en Sibérie comme membre du clergé ; il laisse une femme et huit enfants. Ces derniers ne peuvent garder la ferme et perdent tout ce qu’ils possèdent. Il rentre en 1934, travaille quelques temps dans une ferme collective, puis est à nouveau arrêté en 1937, en pleine nuit, comme cela se passe le plus souvent ; il disparaît ensuite sans laisser de traces. L’histoire de Johann Andres est la même pour l’immense majorité des Anciens, pasteurs, prédicateurs, évangélistes et responsables mennonites. Déjà sous le coup de la législation de juin 1922, qui crée le crime de « contre-révolution » et légitime la violence contre les opposants du régime, leur situation est aggravée par un édit du 8 avril 1929, qui interdit les manifestations religieuses. Jakob Rempel, personnalité influente parmi les mennonites, est déporté en octobre 1929 avec toute sa famille, puis prend dix ans de Goulag dans les Iles Solowki[1]. En 1939 le corps pastoral est décimé : tous ont été exilés, assassinés, ont émigré ou renoncé à leur ministère. Les Eglises sont laïcisées (transformées en granges, théâtres, salles des fêtes), les cultes interdits, et la foi personnelle confrontée, de plus en plus durement, à la pression d’un environnement hostile.